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LE BLOG DE M'VELLE

23 février 2007

L'Union Africaine. Fondements, organes, programmes et actions. Guy Mvelle, Paris, L'Harmattan, février 2007, 466p.

   Cet ouvrage est le premier qui a l'ambition de présenter une vision aussi large que possible de l'Union Africaine. En s'appuyant sur des recherches variées et très étendues dans un esprit d'observation scientifique, l'auteur poursuit quatre objectifs. Le premier consiste à vulgariser l'Union Africaine par la description et l'analyse de ses fondements, ses organes, ses programmes spéciaux et ses actions. Le deuxième objectif est de préciser certaines idées reçues sur les similitudes entre l'Union Africaine et d'autres organisations régionales beaucoup plus avancées comme l'Union Européenne. La troisième mission que poursuit notre ouvrage est celle d'aider toutes les catégories de lecteurs ici concernées à dépasser l'horizon de l'Acte constitutif et des textes juridiques, qui déterminent l'organisation et le fonctionnement de l'Union pour saisir les dynamiques réelles sur lesquelles se déroule actuellement l'intégration africaine. Le quatrième et dernier objectif est de contribuer à la littérature sans cesse croissante sur les stratégies de développement et d'intégration de l'Afrique au regard des autres expériences régionales, en Asie, en Europe et dans les Amériques.

Lisez et réagissez!

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23 février 2007

Politiques publiques et démocratie en Afrique. Quelle est l’approche de l’Union Africaine ? Guy Mvelle

Le rapport entre la démocratie et les politiques publiques est sans doute le débat qui a le moins suscité d’interrogations et de littérature durant la période de transition qu’a connu l’Afrique noire entre 1990 et les années 2000[1]. Non pas que l’analyse des politiques publiques n’est pas une préoccupation constante pour les chercheurs africains et africanistes. Elle a toujours fait partie intégrante des études sur « la crise de l’Etat » et le « poids naissant du néo-corporatisme » dans les Etats africains, comme le rappelle Maurice Enguéléguélé[2], mais son rapport aux transitions démocratiques en Afrique reste faible[3].

Pourtant le lien entre les deux concepts est très étroit, tant il est vrai que la viabilité démocratique d’une société, au-delà de la tenue d’élections pluralistes et de la consécration des droits de l’Homme, se mesure au degré d’ouverture de l’espace de décision. Le degré de cette ouverture traduit le caractère peu ou suffisamment démocratique de la gouvernance considérée comme « ensemble de traditions et institutions par lesquelles le pouvoir s’exerce dans un pays avec pour objectif le bien de tous »[4].

Le sort que les pouvoirs publics réservent à la participation dans la fabrication des politiques publiques révèle donc la nature du régime politique, et surtout l’état d’avancement démocratique de la société concernée. Si le processus d’élaboration des politiques publiques recouvre  « la manière dont les problèmes sont conceptualisés et présentées au gouvernement pour être résolus »[5], il doit également être admis que la façon dont les institutions gouvernementales formulent des alternatives et choisissent des solutions, doit revêtir un aspect transparent et participatif. Ainsi apparaît l’importance des liens entre politiques publiques et démocratie[6]. Et c’est de la question de la consolidation de la démocratie qu’il est question ; une consolidation qui va bien au-delà de l’organisation d’élections libres et transparentes à intervalles réguliers (Quantin, 2000).

Alors qu’il ne fait aucun doute que les réformes de la décennie 1990-2000 ont engendré un vaste mouvement législatif en Afrique, n’est-il pas opportun de se poser la question du lien qui a jusque-là été fait entre la démocratie et les politiques publiques. Dans quelle mesure, quinze ans après les premières manifestations de démocratisation, peut-on dire que la démocratie est devenue le principe de base des politiques publiques ?  Malgré la présence et la visibilité de publics divers dans l’espace publique en Afrique noire francophone, les autorités publiques et leurs ressources spécifiques (droit, légitimité…) continuent-elles d’être l’émanation principale et unique des politiques publiques selon leur « finalité choisie ».  Si l’Etat continue d’être « là » comme on peut aisément le constater dans la production des politiques publiques, sa présence a t-elle changé ?

Quelle est l’approche de l’Union Africaine pour encourager les pays africains dans la démocratisation de leurs politiques publiques ?

Réagissez !



[1] Les réflexions qui ont souvent été menées sur la démocratie en Afrique depuis les années 1990 se focalisent le plus souvent soit sur la question des droits de l’homme, soit sur la tenue d’élections pluralistes, libres, transparentes et régulières. Voir dans cet ordre d’idée Léopold Donfack Sokeng, Existe-t-il une identité démocratique camerounaise ? La spécificité camerounaise à l’épreuve de l’universalité des droits fondamentaux, Polis, vol 1, numéro spécial, février 1996.

[2] Maurice Enguéléguélé, L’analyse des politiques publiques dans les pays d’Afrique subsaharienne, L’Afrique politique, 2002, p 236.

[3] C’est dans une démarche similaire que Boubacar Issa Abdourhamanne souligne la faible prise en compte des institutions dans l’étude des transitions démocratiques en Afrique Cf Boubacar Issa Abdourhamanne in Patrick Quantin (sous la direction), Gouverner les société africaines. Acteurs et institutions, Paris, Karthala, 2005, p 177-202.

[4] Définition partielle de la gouvernance telle que la conçoivent les grandes agences de développement, citée par Patrick Quantin (sous la direction), Gouverner les société africaines. Acteurs et institutions, Paris, Karthala, 2005, p 17.

[5] Paul. A Sabatier et Edella Schlager, Les approches cognitives des politiques publiques : perspectives américaines, Revue française de science politique, vol, 50, n°2, avril 2000, p 209-234.

[6] Autant il est communément admis la consécration des droits de l’homme et des libertés fondamentales est désormais un référentiel de toute société humaine, un critérium d’identification des nations civilisées, (Donfack Sonkeng, 1996, p 1), autant une approche pluraliste des politiques publiques est une condition de viabilité démocratique.

23 février 2007

Quelle place pour l’économie sociale et solidaire dans le modèle économique de l’Union Africaine ? Guy M’velle

L’économie sociale et solidaire tire ses origines au Moyen-Age et dans les travaux des théoriciens du XIXe siècle. A cette époque, d’une part la solidarité est considérée comme un principe de protection capable de limiter les injustices de l’économie de marché, de l’autre cette solidarité pouvait se transformer en pratiques d’entraide mutuelle et d’auto-organisation au service de l’économie[1].

Mais le développement de l’économie sociale intervient en Europe avant le dernier tiers du Xxe siècle dans ce souci qu’ont les sociétés de recourir à d’autres stratégies de développement économique. En Amérique du Nord on parle d’une existence de plus d’un siècle au Canada où elle a contribué au bien-être et à la croissance économique que ce soit par le mouvement associatif, ou à l’aide d’associations axées sur les citoyens qui ont répondu à divers besoins socio-économiques d’années en années[2]. Les raisons qui poussent au développement de cette troisième voie de l’économie sont multiples : la crise du début des années 80[3], l’incidence de la mondialisation, l’ouverture des marchés, la restructuration économique, les changements sociaux et politiques associés à la restructuration de l’Etat-providence…[4] Sur ce dernier point, les populations mettent en cause les lourdeurs bureaucratiques et centralisatrices des institutions redistributives qui selon eux, bloque l’innovation, tout en engendrant le contrôle social et le clientélisme ; tout cela entraînant « la survivance de fortes inégalités » malgré « une apparente normalisation égalisatrice[5] »

Sous l’influence de différents courants[6] et à l’initiative du mouvement ouvrier, mais aussi d’une partie du patronat, l’économie sociale et solidaire, en faisant son entrée par voie réglementaire dans le droit français à la fin de l’année 1981, désignera « les coopératives, les mutuelles et celles des associations dont les activités de production les assimilent à ces organismes[7]. » Elle est aussi considérée comme un ensemble d’activités correspondant à des besoins sociaux qui trouvent leur satisfaction dans le « tiers secteur associatif. » En ce sens c’est un ensemble de services pris en charge par les associations[8]. D’autres auteurs intègrent dans cette approche définitionnelle son aspect démocratique découlant d’engagements citoyens, tout en la distinguant d’une dérégulation qui aboutirait à de la charité[9] de la part des pouvoirs publics[10]. C’est ainsi une économie hybride[11] associant citoyens, opérateurs économiques et collectivités publiques dans un cadre d’échange et de dialogue qualifié d’espaces publics de proximité. Sont ici aux prises les ressources marchande, non marchande et non- monétaire[12].

L’intérêt de traiter de l’économie sociale et solidaire en Afrique est double. Premièrement c’est une économie qui est perçue comme une alternative aux deux approches classiques de l’économie- le libéralisme et le socialisme- et qui peut être une solution ou « la solution » à l’exclusion, au chômage et même à la violence quotidienne de nos villes et villages. En ce sens elle s’inscrit dans une sorte de dépassement de ce que Kindleberger appelle « la loi des alternatives », celle qui a toujours confiné la pensée économique dans un carcan dualiste entre le capitalisme et le socialisme[13]. Deuxièmement les politiques publiques qui soutiennent les initiatives d’économie sociale et solidaire peuvent contribuer à de nouvelles régulations économiques[14] et donc à la réduction des injustices de l’économie de marché et des limites de l’Etat-providence.

La principale visée de cette réflexion est de discuter des nouvelles perspectives gouvernementales de cette économie telles qu’elles se dessinent dans les pays développés et telles qu’elles pourraient se dérouler dans nos pays en voie de développement. Il s’agit donc de cerner les dynamiques gouvernementales de cette économie, de voir dans quelle mesure elle pourrait être transposée dans les pays en voie de développement, et d’en indiquer les pistes pratiques de mise en oeuvre.

Notre thèse est que l’économie sociale et solidaire est un mécanisme capable d’enrayer l’exclusion, la pauvreté et la violence de nos villes et villages. C’est une grande force de développement socio-économique qui peut être le fer de lance d’importantes initiatives favorisant la création de milliers d’emplois, tout en répondant aux besoins sociaux, économiques et culturels des pays en voie de développement. Mais quelle est la place qui est la sienne dans le modèle économique de l’Union Africaine ?

Réagissez !



[1] Chanal Philippe et Laville Jean-Louis : « Economie sociale et solidaire : le modèle français », document du programme de coopération franco-québecois pour l’économie sociale et solidaire, mai 2001, p 1. 

[2] Chantier de l’économie sociale : « Economie sociale et développement économique communautaire au Canada : prochaines étapes relatives  à la politique publique », Montréal (Québec), septembre 2005, p 11.

[3] Chanial et Laville discutent le fait qu’on attribue l’évolution de l’économie sociale et solidaire à la seule cirse économique. Pour eux la renaissance du tiers secteur est antérieure à la crise économique et ne s’explique pas par le chômage et l’exclusion qui ne sont que des éléments contextuels qui vont influer fortement dès les années 1980.

[4] Chantier de l’économie sociale, op. cit. p 17. Pour eux la renaissance découle des affrontements idéologiques et la confrontation à la pénurie. Chanial et Laville, op.cit. p 14.

[5] Chanial et Laville, op.cit. p 14.

[6]Socialistes, chrétiens, libéraux et anarchistes.

[7] Décret du 15 octobre 1981 créant la délégation interministérielle à l’économie sociale (DIES), il sera modifié en 1991, date à laquelle est créée une délégation générale à l’innovation sociale et à l’économie sociale. En 2000, la création d’un Secrétariat d’Etat à l’Economie Solidaire marque une nouvelle étape de la reconnaissance de cette économie alternative.

[8] Guigue Bruno : « Qu’est-ce qu’une économie solidaire ? », Problèmes économiques, n° 2.677,  La Documentation Française, 30 août 2000, p1.

[9] Il n’est pas superflu de dire que la doctrine de l’économie sociale et solidaire vient remplacer l’exigence chrétienne de la charité et la doctrine libérale de la bienfaisance.

[10] Chanial et Laville, op. cit.p 15.

[11] On parlait sous le gouvernement Jospin d’une politique en faveur d’une économie plurielle, qui dise oui à l’économie de marché, mais non à la société de marché, qui inclut à côté du secteur public et du secteur privé lucratif, d’autres formes d’économiques.

[12] Chanial et Laville, op.cit.p 15.

[13] Kindleberger Charles : « L’économie a t-elle réponse à tout ? », Challenge, New-York, in Problèmes Economiques « De quelques mythes et débats en économie », La Documentation française, n° 2.688, 15-22 novembre 2000, p 6-9. Pour l’auteur américain, les discussions économiques sont caractérisées depuis la nuit des temps par un manichéisme permanent au point où il est arrivé à établir une sorte de loi des alternatives dite « Loi des alternatives de Kindelberger ». Celle-ci postule que la réponse à quelles que questions que ce soit en économie dépend habituellement de l’ampleur des élasticités. Il conclut donc à l’existence d’un manichéisme éternel en économie, celui qui oppose le capitalisme au socialisme, les marchés parfaits aux défaillances du marché, le monétarisme au keynésianisme, le rôle des facteurs fondamentaux à celui des institutions, des conditions préexistantes, des externalités et parfois des comportements collectifs qui dégénèrent en crise financière, les décisions des pouvoirs publics au libre choix du marché, la centralisation au pluralisme…

[14] Secrétariat d’Etat à l’Economie solidaire : « Politiques publique et économie sociale et solidaire », programme de coopération franco-québécois, document provisoire, 09 avril 2001, p. 1.

23 février 2007

QUE DIRE ET QUE FAIRE DE L'UNION AFRICAINE?

Cher (es) ami (es),

Afin que l'Afrique et ses organisations ne constituent plus des objets de seconde zone dans l'analyse des relations internationales, et qu'elles n'occupent plus les appendices des ouvrages spécialisés en la matière, il est utile de commenter au quotidien l'actualité de notre principal regroupement continental. L'Afrique ne doit pas demeurer "une narration inconditionnelle" alors qu'elle fait bien partie du jeu international des puissances dont la scène internationale en est l'environnement global. Réagissez et proposez des idées et concepts pour consolider la construction de l'intégration africaine par l'UA.

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